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30 novembre 2024

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DES PALMES ACADEMIQUES A L'ORDRE DES PALMES ACADEMIQUES

 

            Parmi les décorations françaises actuelles, les Palmes académiques ont une histoire un peu plus complexe que les autres. Le décret du 17 mars 1808, qui créait l’Université, utilisait bien le terme d’ordre, mais dans sa stricte acception étymologique. Napoléon avait dit à Fontanes, en le nommant à la tête de l’Université : « Vous êtes responsable, je vous fais chef d’Ordre. Choisissez vos hommes, cela vous regarde. » Militaire, Napoléon Bonaparte ne concevait les hommes que portant un uniforme et des signes distinctifs de leur place dans une hiérarchie. Le même décret définit l’uniforme élémentaire des membres de l’Université, un habit noir. Brodée, sur la partie gauche de la poitrine, une palme ou une double palme permettait d’identifier au premier coup d’œil la fonction exercée par celui qui la portait. La hiérarchie s’élevait de la simple palme en soie bleue jusqu’à la double palme, brodée en or, de l’Officier d’Université titulaire. Entre ces deux extrêmes s’intercalaient la double palme de soie blanche et bleue et la double palme d’argent. Outre l’indication du rang hiérarchique de celui qui les portait, les palmes étaient donc constitutives de l’uniforme et réputées contribuer au prestige de la fonction publique. Outre les fonctionnaires supérieurs de l’Instruction publique occupant les degrés les plus élevés de la hiérarchie, en étaient honorés les fonctionnaires distingués pour leurs talents.

La cessation de l’exercice des fonctions déléguées entrainait la perte du port des palmes.

            De Waterloo au Second Empire les modifications de l’organisation de l’Instruction publique et l’accroissement de ses personnels avaient entrainé une évolution de la présentation matérielle des palmes académiques et de leur fonction. Le décret du 7 avril 1866, sur proposition de Victor Duruy, clarifia les choses et fit évoluer le symbole du grade vers la décoration. Cessant d’être brodées, les palmes, dorénavant métalliques, étaient accrochées à un ruban de moire d’abord noire, puis violette. On conserva la distinction entre la double palme d’or d’Officier de l’Instruction publique et celle d’argent des Officiers d’Académie. Le 27 décembre 1866, un décret impérial élargit sensiblement les catégories de récipiendaires potentiels dans le monde de l’Instruction publique mais aussi parmi « les personnes ayant apporté un concours efficace au développement de l’enseignement à tous les degrés et sous toutes ses formes ». Les attributions augmentèrent en nombre jusqu’à doubler les contingents, avec une forte augmentation de personnes étrangères au monde de l’enseignement, ce qui conduisit le gouvernement, en 1914, à suspendre toute nomination et promotion pour toute la durée de la guerre.

            Un décret de 1921 limita les autorités habilitées à proposer les candidatures au ministre, restreignit l’étendue du vivier des candidats et exigea l’âge de 35 ans pour pouvoir être nommé. Le 4 octobre 1955, le décret n° 55-1323 créa l’Ordre ministériel des Palmes académiques tels que nous le connaissons aujourd’hui après qu’il eût survécu à la fusion de la quasi-totalité des ordres ministériels dans l’Ordre national du Mérite sur décision du Président de la République, Charles de Gaulle. Trois grades au lieu de deux auparavant : chevalier, officier et commandeur. Deux promotions, celle de janvier pour les services éminents rendus aux services d’Education par les personnalités extérieures et celle de juillet récompensant les services et les talents les plus remarquables de l’Education nationale et de l’Enseignement privé. Le décret du 19 avril 2002 tend à faire disparaître la distinction entre les deux promotions quant aux caractéristiques professionnelles des candidats.

Un Conseil de l’Ordre examine et donne son avis sur les candidatures émanant des rectorats, préfectures et autres ministères et propose au ministre de l’Education nationale une liste de nomination et promotions dans la limite d’un contingent. Il peut, depuis 1962, prononcer la suspension ou la radiation de l’Ordre des membres coupables d’actes contraires à l’honneur ou condamnés à un an de prison ferme ou pour crime.

 

Bernard Phan

Président d'Honneur de la Section de la Somme